Interview
-A +A

Un observatoire astronomique à Paris Diderot

" Cet observatoire, c'est notre mini VLT* à nous ! "

Diderotinfos : En tant que chercheur, où intervenez-vous dans la conception du projet de l’observatoire ?

Sylvain Chaty : J’interviens à différents moments de « l’aventure », toujours en interaction avec d’autres services. En tant que connaisseur des instruments, des besoins et des contraintes techniques, j’étais responsable des devis, du cahier des charges et j’ai participé au choix de la terrasse qui a été longuement réfléchi par François Montarras, vice-président Projets et aménagements immobiliers. Durant ces différentes étapes, j’ai bénéficié de l’aide d’un spécialiste pour la sélection des instruments astronomiques ; du bureau des marchés pour le cahier des charges. Une fois la construction lancée, les services concernés (Direction ingénierie bâtiment, les entreprises, la vice-présidence patrimoine…) ont suivi conjointement les travaux. Moi aussi donc, tout en montant le projet scientifique.

 

Diderotinfos : D’ailleurs, deux télescopes (un pour les planètes et la lune, l’autre pour le ciel profond), une lunette (pour le soleil), le tout automatisé. Mais pour qui et pour quoi, en fait ?

S. Chaty : L’observatoire est une formidable opportunité d’ouvrir un peu plus encore l’université à l’astrophysique et à la ville. Son objectif premier est d’enrichir la formation en astrophysique à l’université, mais ce n’est pas le seul. L'utilisation de l'observatoire se décline sous trois dimensions : recherche, formation et diffusion des sciences. Il servira les projets de recherche (comètes, météo du soleil, suivi de satellites, suivi des flashs lunaires). Certains sont d’ailleurs déjà en cours. Le pan « formation » concernera donc la filière Astrophysique, principalement le M2. Quant au grand public, nous espérons pouvoir organiser des conférences ouvertes à toutes et à tous, au quartier, accueillir des groupes scolaires afin de partager un peu plus le ciel et ses mystères… Notre volonté est que ces trois types de public, le plus large possible, aient accès aux données et images de l’observatoire. (ndlr : Il s’agira d’un accès uniquement numérique, la terrasse du bâtiment étant interdite au public.)

Diderotinfos : Que retirez-vous de ce projet que vous avez suivi (et continuez de suivre) de l’idée à la réalisation et qui a débuté il y a plus de quatre ans ?

S. Chaty : Il y a la sensation et la satisfaction d’avoir construit cet observatoire nous-mêmes : nous avons choisi le moindre élément, tout a été décidé par un service ou l’autre. C’est un grand projet collaboratif. Bientôt, nous aurons à portée de main, dans Paris même, un observatoire moderne, automatisé, contrôlable à distance, doté de trois instruments différents et utilisables simultanément. Un observatoire dans Paris, ça peut sembler étrange voire ridicule au premier abord : « et la lumière de la ville dans tout ça ? », me direz-vous. Pas de problème ! La pollution a l’avantage de stabiliser la basse atmosphère. La lumière provenant des astres sera reçue par nos instruments et nous pourrons observer 24 h/24 : le Soleil le jour, la Lune, les planètes et autres astres la nuit. J’aime le surnommer le « VLT (very large telescope) de Paris Diderot ». Les nôtres ne font peut-être que 40 cm de diamètre contre leurs 8,2 m installés dans le désert d’Atacama, au Chili, mais nous pourrons voir de très belles choses aussi.

 

* VLT : en référence au Very large telescope installé dans le désert d'Acatama au Chili.

Interview

Un observatoire astronomique à Paris Diderot

À quelque 30 mètres de haut, l’observatoire Paris Diderot à l'oeil rivé sur l’Univers. Avec sa coupole et ses instruments autonomes et pilotables à distance, il est à la pointe de la technologie.
Mots clés >